J'ai découvert le jeu de rôle... sur une très longue période. Ma première exposition remonte au tout début des années 80, avec un machin un peu bizarre, tout mal foutu et dans un français approximatif, qui s'appelait Legio VII. Fait par International Team, une boîte italienne, c'était un truc abstrait, un peu jeu de plateau mais avec un arbitre qui créait des rencontres sur des tables aléatoires (avec un d10 que j'ai gardé pendant des années !).
Après ça, il y a eu les "Livres dont vous êtes le héros" dans les années 82-83. De là, je suis passé un peu par hasard à Tunnels & Trolls en français, un jeu qui proposait des quêtes par arborescences, mais aussi de jouer à plusieurs.
Tout ça m'a permis de me rendre compte qu'il y avait dans mon lycée des gens qui jouaient à des trucs bizarres, genre AD&D. Franchement, le jeu de rôle tel qu'ils le pratiquaient me laissait sceptique - "des paladins-ninjas-nécromanciens 125e niveau qui tuent des dieux et violent des déesses ? Vous êtes sûrs, les gars ?".
Et puis, fin 84, ce fut la découverte de la version française de l'Appel de Cthulhu, les premières parties, les premières campagnes...
J'ai approché le circuit professionnel en répondant à un concours organisé par Casus en 1988 : une planche de BD de Tignous dont il fallait imaginer la suite. Je n'ai pas eu le premier prix, mais j'ai eu le plaisir de voir mon nom dans la liste des nominés (où figurait aussi le gars qui, longtemps après, a écrit La méthode du Dr Chestel).
Ça m'a motivé pour écrire un scénario pour Paranoïa et un pour l'Appel de Cthulhu. Histoire de maximiser mes chances, j'ai envoyé l'un à Chroniques d'outre-monde et l'autre à Casus. Et en septembre 88, à deux jours d'intervalle, les deux magazines m'ont fait savoir qu'ils allaient les publier. Mon premier scénario est donc paru dans Chroniques (le n°9 ou 10, je ne sais plus).
Comme il était difficile d'être sur tous les fronts, il a fallu que je choisisse entre Casus et Chroniques d'outre-monde, ce que j'ai fait sur une base simple : j'ai pris le plus proche. Casus était à un quart d'heure à pied de chez moi, Chroniques à l'autre bout de Paris. Considérant la longévité de l'un et de l'autre, j'ai fait le bon choix...
Ensuite, les choses se sont enchaînées assez vite, au gré des rencontres avec les uns et les autres. Etant capable d'écrire vite et beaucoup, j'ai réussi à vivre pas trop mal de ma production dans les années 90. Je suis sans doute l'un de ceux qui a collaboré avec le plus grand nombre d'éditeurs simultanément, et sans me fâcher avec grand-monde.
Soit dit en passant, la notion de "vivre du jeu de rôle" me laisse rêveur, en fait... Les seuls à "vivre du jeu de rôle" à proprement parler seraient des meneurs de jeu ou des joueurs salariés, et une telle chose n'existe pas. A diverses époques, j'ai été journaliste, traducteur, correcteur, auteur, directeur de gamme ou chef de projet, et j'ai exercé toutes ces fonctions dans le domaine du jeu de rôle, mais à la base, j'ai vécu de ma plume (ou de mon clavier), pas de mon d10 fétiche...
Tout cela a eu une fin. La mort de Casus première formule, fin 1999, a été un premier avertissement sérieux. J'ai joué les prolongations en passant à Multisim, mais la mort de cet éditeur a sonné (temporairement ?) le glas de mon implication dans le milieu. Comme beaucoup, je suis passé à autre chose.
Parmi mes jeux préférés, l'Appel de Cthulhu loin devant, Vampire un peu derrière. J'ai aussi plein de souvenirs sympas de beaucoup, beaucoup d'autres jeux, notamment Warhammer, Légendes Celtiques, Rêve de Dragon...
Pour le reste, je fonctionne par coups de foudre : je m'enthousiasme pour un jeu pendant un an ou deux, jusqu'à ce que j'aie l'impression d'en avoir fait le tour. Et je me suis toujours arrangé pour mettre mon grain de sel dans ceux que j'aimais vraiment, comme Berlin XVIII ou Hawkmoon.
J'ai aussi une grande tendresse pour Conspirations (Over the Edge), que j'ai traduit, et dont j'ai beaucoup regretté l'échec. Même chose pour Rétrofutur. On avait beau savoir qu'il était "expérimental" par beaucoup de côtés, ça m'a quand même fait de la peine qu'il sombre avec Multisim.
Même si je suis désormais hors du milieu pro, je continue à jouer régulièrement. Une ou deux parties par mois en moyenne, même s'il m'est arrivé de m'arrêter pendant six mois ou un an sans me sentir en manque. Mes groupes de joueurs sont à peu près stables depuis des années, et la seule Grande Ancienne du milieu avec qui je joue régulièrement est Anne Vétillard.
Quant à mes autres loisirs... pour rester dans le jeu : jeux de plateau à petite dose, GN en doses plus importantes, pas mal de jeux massivement multijoueurs par Internet depuis 2004. En dehors de ça, randonnée, lecture... rien de franchement inhabituel.
Enfin, s'il fallait faire un palmarès de ce dont je suis le plus fier...
- En écriture : le supplément Selenim pour Nephilim, la campagne "Le voleur d'Ygol" pour Mega III et Les Venn'dys pour Guildes.
- En traduction : Toon et Conspirations, de très loin.
- En coordination : la version anglaise d'Agone et la vf de Fading Suns.
Et plus généralement, d'avoir participé à presque cent numéros de Casus sans jamais me fâcher ni avec Agnès, la secrétaire de rédaction, ni avec Jean-Marie, notre très redoutable maquettiste.
Pour l'instant (mai 2007), je n'ai plus de projets dans le jeu de rôle. Ça reviendra peut-être, qui sait ?
Pour en savoir plus :
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009. Dernière mise à jour le 17 août 2017.