C'est au cours d'une froide soirée de février que je fus conçu, à mi-chemin entre la cuisine et la chambre, si mes souvenirs sont exacts. Après une conception mouvementée qui valut une clavicule brisée à mon père et une cheville foulée à ma mère, ma naissance fut bien évidemment un moment de grand calme et d'intense bonheur.
Dès mon plus jeune âge je me lançai à la découverte de nouvelles activités ludiques : faire exploser les crapauds en leur faisant fumer une clope, tabasser les gosses du centre aéré avec mes potes, faire exploser les bouses de vaches avec des pétards... Devant une telle inventivité et un tel esprit créatif mes parents commencèrent à percevoir l'artiste qui criait au plus profond de moi.
C'est un dimanche 14 novembre 1982 que ma vie allait définitivement changer. Ce jour-là un de mes potes décida de m'offrir D&D et de m'y initier, ainsi que son vil grand-frère l'avait initié quelques temps plus tôt. Mes souvenirs de cette partie restent vagues : je jouais un voleur 4e niveau, on a tenté de faire les poches du cadavre d'un ours-hibou et d'enfermer un vampire sous forme gazeuse dans une outre de vin vide... Force est de constater qu'on n'était pas encore vraiment au top !
Les années suivantes s'égrènent au rythme de quelques cours séchés afin de mieux découvrir AD&D, l'Unearthed Arcana et l'Appel de Cthulhu. Ce chemin de la sapience, cette découverte de la culture ludique sont malheureusement ponctués de quelques méprisants et méprisables reproches parentaux concernant le fait que je préférais ne rien faire en cours pour aller jouer avec mes potes.
Quittant finalement nos chambres désordonnées, nous finîmes par échouer dans un agréable château plein de salles belles, grandes et lumineuses. "Asmogorgon & Co" fût le nom de ce premier antre de débauche ludique (nous avions originellement penché pour "L'hobbit occulte" avant de se dire que la mairie n'aurait probablement pas trop apprécié...). Rapidement toutefois nous nous repliâmes sur un autre club où il nous était possible de jouer la nuit, "Machiavel Fantasy". Nous pouvions dès lors jouer nuit et jour, sans que quiconque ne puisse nous gêner.
Le milieu des clubs de jeu était tout particulièrement actif à cette époque-là et j'y retrouvai Benoît Attinost (au sein de "L'orc hestralmaneuvrinzedark") à maintes occasions alors qu'il avait été l'un de mes premiers partenaires de jeu. Ensemble nous nous sommes laissés aller à participer à une vague tentation de fédération de club (la GRIF, guilde régionale d'île de France). L'échec cuisant de cette tentative me fit l'effet d'une douche froide et les clubs ne furent bientôt plus pour moi le moyen de rencontrer des joueurs mais simplement la possibilité de jouer tranquillement entre potes.
Le point culminant de ces primes années de folie ludique fut certainement mon année de terminale scientifique (D). Le vendredi soir, j'avais la bonne fortune de maîtriser une campagne d'Empire Galactique avec le chef des pions de mon bahut. Forcément il m'était difficile d'aller en cours le samedi matin. Mon bon joueur interceptait donc les mots accablant son pauvre meneur et prouvant qu'il oubliait de se lever tous les samedis matins. Le jour des résultats d'un Bac obtenu de justesse par l'opération du Saint-Esprit, c'est donc surpris que mes parents découvrirent 62 absences injustifiées sur mon bulletin scolaire. Après m'avoir félicité pour mon Bac, ils s'empressèrent de m'envoyer en vacances dans un centre de redressement norvégien loin de tout dé et de toute feuille de personnage.
Le sevrage ne fonctionna malheureusement pas et c'est avec plus d'entrain encore que je repris les parties de JdR, de wargames et de jeux de plateau dès mon retour des pays du froid. Mon entrée à l'université fut aussi marquée par la découverte du monde du travail où je me retrouvai propulsé vendeur dans une boutique de jeu... Le ver était finalement entré dans le fruit.
Après quelques années d'études plus ou moins loupées (plutôt plus que moins en définitive) entre Biologie, Droit puis Sciences Politiques, je décidai finalement de me concentrer sur une prometteuse carrière de vendeur. Puis sur une prometteuse carrière de veilleur de nuit. Puis sur une prometteuse carrière de jardinier... Et ainsi de suite jusqu'à me retrouver à bosser à quart-temps dans une boutique montée par Asmodée Editions.
C'est une rencontre qui devait finir de me propulser dans le monde du JdR. Alors que nous avions déjà eu l'occasion de parler occasionnellement de choses et d'autres, Croc me proposa d'écrire une petite critique pour Backstab, magasine pour lequel il était pigiste à cette époque-là. Elle lui plut. Quelques mois plus tard, alors qu'il venait de devenir rédac'chef dudit magazine, il me proposa du boulot d'écriture si j'en voulais... Cela tombait finalement pas mal, j'en voulais.
La suite est tout autant une histoire de rencontres qu'une histoire de boulot. Croc m'ouvrit les portes d'Asmodée et me permit de bosser sur L5R et les Secrets de la 7e Mer ; à Backstab je fis la connaissance de Julien Blondel qui m'attira sur Prophecy et Métabarons et m'aida grandement à apprendre à mieux écrire ; Benoît Attinost que je retrouvais après des années d'éloignement m'impliqua dans Polaris...
Après des années à tenter d'en vivre en freelance, entre chèques en bois et impayés, j'eus finalement l'occasion de rentrer à plein temps chez Asmodée. J'ai, depuis, la chance rare de vivre presque uniquement du JdR.
J'entends que, du bateau, on me pose quelques questions :
Mon jeu préféré est SLA Industries, sans la moindre hésitation. Ensuite... plein de choses : Cyberpunk (une révélation), COPS (heureusement), L5R (Bushido avant cela), Guildes (envoûtant), Rolemaster (par nostalgie), Werewolf (parce que cela me ferait mal de dire Vampire), AD&D (toujours par nostalgie), Earthdawn (LE JdR medfan), Dying Earth (pour le plaisir de la lecture), Tribe 8 (pour le plaisir de la lecture aussi), 7e Mer (pour les capes et les épées), Deadlands (pour le whisky de Benoît), Fading Suns (parce que je l'ai tant attendu), Kult (une bonne grosse claque), Maléfices (pour une équipe semblable à nulle autre) et Morrow Project, Psiworld, Runequest... Bon OK, je ne vais pas vous refaire la liste du GROG, je m'arrête là.
Malheureusement je ne joue pas souvent, à peine une fois par mois. J'ai la chance de partager occasionnellement la table de Charlotte Bousquet, celle de Croc, et plus occasionnellement encore celle de Benoît "Psykopat" Attinost. Je garde aussi un souvenir ému d'une lointaine partie de Prophecy avec Julien Blondel... snif...
Comme autres loisirs et centres d'intérêt, on trouve : la moto, les jeux de plateau, la politique, le rugby, le foot US, le squash, les jeux PC, Final Fantasy (un mois de plié chaque année), le sexe, le cinéma, les séries télé, les bouquins, l'histoire. Et, pas nécessairement dans cet ordre.
Le travail dont je suis le plus fier : COPS. Pourquoi ? Si vous n'êtes pas capable de répondre tout seul à la question vous méritez que je vous fasse manger vos dents !
Côté projets actuels : un nouveau JdR top secret pour fin 2004 (bon, on va plutôt dire mi-2005) et une collaboration avec Croc sur un autre nouveau JdR prévu pour fin 2004 (celui-là il devrait arriver à l'heure). Et puis, au fond du coeur, l'espoir d'avoir à nouveau l'occasion un jour de bosser sur un truc avec Julien Blondel.
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009.