Livre à couverture rigide de 320 pages avec un cahier additionnel de 16 pages en couleurs.
Il s'agit, à travers la biographie de Gary Gygax, de faire également l'histoire de la création et du développement de Dungeons & Dragons, ainsi que, dans une large mesure, de la firme TSR. Il faut noter d'ailleurs que les chapitres de l'ouvrage sont des niveaux, numérotés de un à neuf.
Après 3 pages de citations issues de la presse ou de diverses célébrités louant les qualités de l'ouvrage (seulement en VO), 1 page blanche, 1 page de titre, 1 de crédit et un sommaire de 3 pages, une carte de la ville de Lake Geneva occupe une double page en VO. En VF, cette carte décore les deuxièmes et troisièmes de couverture. Faite par un cartographe historique de TSR, elle reprend les codes graphiques et la couleur de fond bleuté des cartes des premiers modules publiés. Puis une note d'intention de l'auteur explique sur 2 pages son projet et sa méthode de travail. Il y précise comment, dans le texte, distinguer les dialogues attestés et ceux qui sont une reconstruction de sa part.
L'Avant-propos de John Romero explique sur 3 pages ses rapports avec D&D depuis sa première partie en 1979 et le rôle que cela a joué dans sa carrière ultérieure dans le jeu vidéo, avec Doom et Quake. Puis vient une introduction de 2 pages. Jusqu'ici, la numérotation est en chiffres romains.
Le prologue commence donc à la page une et est intitulé Memory Lane. Après 1 page de texte d'ambiance, dialogue d'un meneur et de ses joueurs, il retrace sur 9 pages les sentiments et le dialogue intérieur de Gary Gygax immédiatement après son expulsion de TSR. Il est à noter que tous les chapitres commencent par un tel dialogue meneur-joueur.
Puis commence le chapitre Level 1 (30 pages) qui retrace les dix-sept premières années de sa vie, jusqu'à la fin de ses études. Né à Chicago, il déménage avec ses parent pour leur ville natale de Lake Geneva quand il a huit ans.
Dans Level 2 (23 pages) couvre ses premières années d'adulte et son premier mariage. Dès le début, Gary Gygax commence à organiser des rencontres autour de wargames chez lui ou dans d'autres locaux, en dépit des difficultés financières du couple.
Level 3 (24 pages) couvre la période où ces rencontres se développent, deviennent la GenCon et s'accompagnent de publications d'articles sur les jeux, ainsi que de celle de la règle Chainmail. Ces rencontres et ces publications vont le rendre central dans le milieu des joueurs américains et c'est ainsi qu'il aura accès à des idées et des expérimentations diverses qui aboutissent à la création de D&D.
C'est Level 4 (22 pages) qui couvre la rédaction de la première version du jeu et les difficultés économiques qui amènent à une publication artisanale. La première édition est assemblée à domicile.
Level 5 traite en 30 pages de l'expansion de TSR, compliquée par le décès d'un des associés. Ceci conduit à introduire d'autres investisseurs, ce qui ne sera pas sans conséquences. Des conflits vont accompagner cette expansion, avec des concurrents mais également avec Dave Arneson, crédité comme co-créateur.
16 pages non numérotées de photos s’insèrent dans Level 6 (44 pages), représentant diverses étapes de la vie de Gary Gygax et de sa famille ainsi que des étapes du développement de TSR. Les difficultés crées par la disparition d'un étudiant, disparition supposée liée à sa pratique de D&D causant un scandale national et posant une menace à l'expansion de la firme. Le décès de sa mère, les conflits avec les actionnaires, son divorce, frappent G. Gygax dans ces années, l'usage de la cocaïne n'aidant pas à garder la tête froide. Il part à Hollywood tenter de monter un projet de film. Après avoir gagné une bataille contre le pdg, il fait entrer une nouvelle actionnaire. C'est elle qui l'expulsera de TSR, mettant fin à cette période de sa vie.
Level 7 (24 pages) voit Gygax se lancer dans de nouvelles aventures, comme la maison d'édition New Infinite Production ou le jeu Dangerous Journeys, qui conduisent à des affrontements avec TSR et à des échecs commerciaux et financiers.
Enfin, Level 8 traite en 20 pages des dernières années de sa vie, après la chute de TSR et son rachat par Wizards of the Coast. Gary Gygax profite alors de la vie, grand-père, remarié, relativement à l'aise financièrement, publiant encore divers ouvrages et surtout profitant d'une reconnaissance publique et médiatique importante.
Level 9 (22 pages) expose les réactions à son décès, qui montrent l'ampleur de son influence. Puis le texte développe les conséquences de cette influence dans divers secteurs comme les jeux vidéos ou le cinéma, et de manière générale dans la culture populaire.
Pour finir, Acknowledgement, 3 pages, remercie tous ceux qui ont aidés l'auteur dans son travail, y compris la famille et les amis de Gary Gygax.
L'annexe A est une chronologie de 8 pages de la vie de Gary Gygax et l'annexe B (10 pages) est la liste de ses publications. Puis une bibliographie sur le sujet occupe 10 pages également, avant 22 pages de notes qui, chapitre par chapitre indiquent sur quelle source s'appuie l'auteur pour son texte. Enfin, un index de 6 pages vient boucler l'ouvrage. En VF, une dernière page présente sommairement l'auteur et son parcours.
La version française dispose de 2 éditions différentes, ne différant que par leurs couvertures (rigide ou souple) et l'ISBN.
Cette fiche a été rédigée le 26 avril 2020. Dernière mise à jour le 2 mai 2020.
Sous une couverture de môssieu Jeff Easley reprenant et détournant son illustration originale de l’Unearthed Arcana, ce livre nous propose une passionnante biographie de Gary Gygax. Il n’est pourtant pas exempt de défauts, tout comme sa VF, que nous allons revoir ci-après.
Parlons tout de même de l’intérêt de son contenu : si l’Histoire du JDR aura retenu quand on veut la résumer en quelques mots qu’il a été inventé par un cordonnier du Wisconsin, ce livre permet d’explorer, via le parcours de vie de Gygax, comment le puzzle s’est mis trèèèèès progressivement en place, même si le destin de Gygax était déjà écrit plus dans ce sens que de réparer des chaussures.
Déjà avec la figure et l’influence du père (très âgé) de Gary qui va le pousser à s’immerger dans l’abondante littérature issue des Pulp Magazines et de la littérature SF, ainsi que les comics, qui étaient déjà en production abondante dans les années 1950 outre-Atlantique. Puis avec un appétit ludivore gargantuesque qui va faire découvrir à Gary les productions Avalon Hill naissantes, et s’impliquer pour devenir une personnalité de référence dans la communauté wargame étatsunienne.
Marie-Jo Powell, avec qui il s’est marié alors qu’il avait à peine 20 ans, et avec qui il sera resté en couple pendant 25 ans, ne soupçonnait pas alors que cet appétit de jeu ne s’interromprait pas une fois sa vie adulte amorcée, au point de déserter le domicile familial, et la faire soupçonner dans les jeunes années de leur mariage que ses fréquentes absences étaient pour rejoindre une maîtresse.
L’image du cordonnier – ce qu’il était d’ailleurs uniquement pour boucler les fins de mois après avoir perdu son travail dans les assurances – qui aurait eu un soudain coup de génie n’est donc évidemment pas ce qui s’est produit. De cheminement en cheminement, on comprend le processus intellectuel qui a permis à D&D de voir le jour, même si les influences des différentes communautés et personnalités du jeu sont de mon point de vue trop édulcorées par l’auteur, ceci afin de (trop) préserver la figure centrale de Gygax.
Une fois que l’aventure TSR et D&D démarrent, on rentre dans un contexte plus connu : s’il est toujours plaisant de retracer les différentes étapes, on n’apprendra rien de particulièrement neuf, et on regrette presque que la chronologie du livre devienne ici moins précise et moins fournie pour dater les épisodes majeurs. C’est heureusement contre-balancé par l’histoire de l’entreprise puisque Gygax est au cœur de celle-ci, et de ses multiples soubresauts quand il n’en est pas lui-même à l’origine : les relations conflictuelles avec Arneson, puis les frères Blume, et enfin Lorraine Williams, qui se soldera par son éviction de TSR. L’auteur, Michael Winter, nous fournit ici une mine d’informations et de détails sur ce Dallas interne qui n’a que comme gros défaut de mettre souvent Gygax en situation de good guy ou de victime, et qui fait verser la biographie dans l’hagiographie… Il manque les points de vue des contempteurs de l’époque : Brian Blume maintenant décédé, ou Lorraine Williams, qui ne s’est jamais exprimée publiquement sur cette épopée et a tendance à passer pour l’équivalent de la Mireille Dumas outre-Atlantique : machiavélique, et méprisant le loisir et son public. On espérera qu’un jour on puisse avoir davantage d’informations à son sujet pour rétablir des nuances qui manquent ici malheureusement.
Idem, pour nous narrer la suite de l’existence de Gygax une fois qu’il aura quitté TSR, on sent l’auteur soucieux de ne pas retirer Gygax du piédestal sur lequel il l’a installé, et relativiser la qualité très discutable de sa production ludique ensuite : Cyborg Commando ou Dangerous Dimensions Journeys… Tout comme il est tout aussi injuste de dévaloriser comme le fait Michael l’AD&D 2ème édition de David Cook, certes mal accueilli mais qui a fini par s’installer et se substituer à la 1ère édition ; ou un TSR dont tous les talents seraient partis après le départ de Gygax, et qui aurait décliné jusqu’à sa chute finale (quand même 10 ans plus tard) : les créatifs qui auront produit entre-temps Dark Sun, Planescape, Birthright auront apprécié…
Cette biographie est donc une semi-réussite en raison de ce caractère manichéen qui agace à plusieurs reprises lors de la lecture, notamment les parties narrées qui font office parfois de reconstitution un peu cheap et caricaturale… Et que dire de la fin en apothéose quand il s’agit d’évaluer l’héritage de Gygax : Gary, inspirateur des réseaux sociaux, vraiment ?
Cette semi-réussite est aussi vraie en ce qui concerne la VF. Là encore, on sent l’enthousiasme évident du traducteur Pierre Sagory qui ne manque pas de consteller le texte de NdT, en général très pertinentes, pour repréciser le contexte des informations de la VO. Cela vient compenser une traduction parfois défaillante, voire amateure : anglicismes (compagnie pour parler d’une société), syntaxe approximative, texte identique mais qui sera traduit différemment d’un chapitre à l’autre, voire erreur grossière sur les anniversaires et âges de Gygax sur la fin de l’ouvrage où à plusieurs reprises, il est indiqué que Gygax avait dépassé les 70 ans alors qu’il ne les a justement pas atteint avant de décéder.
Mais plus que des erreurs du traducteur qui a fourni un vrai travail, c’est surtout le travail de relecture paresseuse qu’il faut ici fustiger, mais aussi les délais délirants avant que ce livre ne paraisse suite à la campagne de financement.
Au bilan, on a malgré tout un ouvrage intéressant et agréable à lire, qui permettra d’en apprendre encore davantage sur le loisir, même s’il est très (trop) centré sur la personne de Gygax. Michael récapitule notamment à la fin ses sources et les nombreuses interviews qu’il a menées : la matière accumulée est impressionnante, et nul doute que celles-ci continueront à servir comme matériaux pour de prochains ouvrages sur l’Histoire du JDR, et une biographie plus étendue, et plus neutre que loyal-bon, qui reste de mon point de vue encore à écrire.
Critique écrite en juillet 2025.
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