Orphans. Le titre nous sussure à l'oreille que nous allons faire une plongée en enfer avec des orphelins et sans doute quelque histoire de souffrances physiques et psychologiques. On commencera la lecture en espérant que les personnages sauront en sauver certains.
Error.
 
Commençons par le livre physique. 72 pages couleurs dans un livret A4 à reliure collée. cela semble assez solide pour être manipulé plusieurs fois. La maquette et le graphisme sont toujours d'aussi bonne qualité que les autres œuvres de la team Dirty Clean Crew : c'est à dire de très haut niveau, au service du texte et de l'ambiance souhaitée ! Bravo !
 
Un élément qui est d'importance, que tout livre/supplément de JdR se doit d'avoir maintenant et que Linou MajorZéro maîtrise à la perfection : la lettre d'intention et de bienveillance. Certes, sur les tables avec lesquelles je joue, nous nous connaissons depuis des années et avons pratiqué ensemble toute sortes de jeux et de style, j'aurai "juste" besoin de rappeler que ça va être un scénario un peu chaud. MAIS, cela n'est pas vrai en convention ou lorsque vous ne connaissez pas bien les joueureuses. C'est ici très bien explicité !
 
Le scénario. Il s'agit ici d'arriver à en faire la critique à la lecture sans en déflorer les ressorts principaux. Pas évident mais faisons le tout de même. La structure narrative est faite de manière à accompagner la Meneuse au cours du déroulé avec des indications de descriptions visuelles, olfactives, auditive. Bien vu afin de plonger les joueurs dans l'ambiance. On nous fournit aussi les différentes clés pour comprendre les raisons de ces situations, comment les imposer et les faire ressentir aux personnages-joueurs.  
 
Grâce à une structure de type bac-à-sable on évite la forte linéarité qui aurait pû être un piège dans lequel facilement tomber. Mais non, ça n'est pas le cas. Il est donc nécessaire que la Meneuse travaille avec précision ses effets et aussi la manière de décrire et faire choisir les personnages-joueurs pour chacune de leur "vision".
 
Je pense qu'on a un excellent scénario horrifique qui peut permettre à chacun de vivre des expériences....compliquées ET en même temps de pouvoir en profiter pleinement, effet de la dissociation possible ente le personnage (prétiré rappelons-le) et le joueur !
 
Un coup de maître, une fois de plus.
 
Merci !

Critique écrite en octobre 2024.

Orphans est un scénario qui, je l’espère, deviendra une référence dans le genre de l’horreur. Dans ce livre de 72 pages (A4 couleurs), l’autrice nous emmène au cœur de l’Oise, dans un ancien orphelinat où nous allons déambuler et comprendre peu à peu ce qu’il s’y passe. Tous les codes de l’horreur sont parfaitement maitrisés, en plus de subtiles mécaniques qui plaisent habituellement aux rôlistes. Linou MajorZero joue à la fois avec les personnages et les joueuses afin de fournir une expérience complète et intéressante. Les sujets abordés sont intenses, poignants, violents et présentés de manière crue. Mais ce n’est pas innocent, croyez-moi. D’ailleurs, il est important de noter que de nombreux éléments se rapprochent d’une réalité de notre Histoire et qu’elle est détaillée en fin d’ouvrage.

Comme toujours avec les productions du Dirty Clean Crew, les joueuses ciblées sont celles aimant le “play to lose” et le jeu romanesque. Il faudra s’imprégner de son avatar et de l’ambiance afin de vivre l’expérience pleinement. Il est d’ailleurs à noter que, comme toujours, les prétirés sont un élément central et aussi l’une des plus belles réussites. Il y en a trois et il ne sera pas possible d’en ajouter ou d’en retirer un seul.

Du côté de la meneuse, le livre est extrêmement efficace et bien structuré, en plus d’être un bel objet. Il sera aisé de comprendre l’intrigue, les moments clés, les outils à disposition pour faire vivre une belle expérience à toute la table. J’ajouterai, après l’avoir mené trois fois, que l’appellation “bac à sable” ne peut pas réellement s’appliquer ici. Quelques embranchements sont envisageables à la limite, mais globalement, les joueuses prendront toujours le même chemin. À la limite, certains éléments seront éludés, mais ça s’arrête là. 90% des éléments seront utilisés et valorisés.

En conclusion, je ne peux que conseiller ce scénario à toutes les meneuses, amatrices et amateurs de l’horreur, et d’autant plus pour son côté local et ancré dans un héritage réel. J’insiste néanmoins que, si vous le pouvez, il est préférable de le vivre une première fois en tant que joueuse. Sincèrement, pour l’avoir moi-même expérimenté, la sensation est magique et aide beaucoup quand on passe de l’autre côté de l’écran.

Critique écrite en novembre 2024.