Contenu | Menu | Recherche

Dans le jdr, il y a plus d'égo que de talent

Monde du Jeu 2009 : Compte-rendu !

Par Slawick Charlier

Rubrique : Reportages
Date : 09 octobre 2009

Il y a quelques années, le Monde du Jeu apparaissait comme une manifestation commerciale dépassée par la naissante Gencon France. En l'espace de deux saisons, tout à changé. La Gencon a (trop) brutalement effectué un virage vers le grand public, boudant le public spécialisé, tandis que le Monde du Jeu changeait de mains et d'organisation. La différence est flagrante. La Gencon 2009 (pardon, le Salon du Jeu de Société de Paris) aura été décevante pour les rôlistes avec peu de nouveautés et un public de joueurs avertis peu enthousiaste. Le Monde du Jeu 2009 aura été un vrai moment de bonheur, avec une large place accordée au jdr, de nombreuses parties bien remplies et un nombre de nouveautés comme rarement l'on a vu sur une manifestation !

 

 

Tout commence par une longue, une interminable queue devant le hall du parc des expositions. Il s'agit en réalité de l'entrée pour le festival des jeux vidéos ; les deux salons occupent en effet le même hall, avec chacun sa moitié de terrain et son entrée, mais tout en restant ouverts - il était donc possible aux visiteurs de visiter les deux salons. L'entrée du Monde du Jeu n'est pas en reste, avec une file certes plus raisonnable que côté jeux vidéos, mais déjà impressionnante aux premières heures samedi matin. Il y aura d'une manière générale beaucoup de monde durant ce week-end. Et si les allées semblent praticables (à l'exception de l'allée centrale), il ne faut pas oublier d'une part que l'espace est assez vaste, et d'autre part que les personnes présentent ne le sont que pour les jeux traditionnels, la partie jeux vidéos se situant à l'autre bout du hall.

Confirmation sur l'espace Jeux de rôle géré par le GROG : le grand nombre de tables prévues n'aura pas suffit à satisfaire toutes les demandes et nous avons même dû refuser du monde, particulièrement le samedi.

 

 

Il est maintenant temps de faire un tour des stands. Nous vous avons déjà proposé un tour des nouveautés jeux de rôle présentes sur le salon. Cela fait plusieurs années qu'il n'y en avait pas eu autant ! Le Monde du Jeu aurait-il (re)gagné les faveurs du milieu comme un événement où il fait bon venir avec des exclusivités ? Apparemment oui, en témoigne aussi le nombre d'auteurs présents, comprenant même des auteurs anglo-saxons (deux auteurs de Shadowrun et Eclipse Phase, et Joe Dever, créateur de la série Loup Solitaire).

Décortiquons un peu les exclusivités :

Il se dessine plusieurs tendances dans cette fournée. Tout d'abord, il y a peu de production locale, excepté chez nos deux "champions", John Doe et le 7e Cercle. Et même dans ce cas, il s'agit de jeux one-shot ou au mieux avec une gamme réduite. Il n'existe plus de grosses sorties françaises faisant l'événement comme COPS, sortie pour le Monde du Jeu en... 2002. Ensuite, Il y aussi une très nette prépondérance des traductions. La majorité des éditeurs font surtout, voir uniquement, de la traduction. Seules les Editions du Matagot et John Doe font exception, avec le 7e Cercle pas très loin derrière. Plus surprenant, la quantité impressionnante de livres de base : pas moins de 5, 7 en comptant l'édition anniversaire de Shadowrun et le Guide du meneur pour Metal Adventures, deuxième moitié du corpus de base du jeu. La quasi-disparition des grosses gammes, qui touchaient jusqu'ici surtout les productions francophones, seraient-elles aussi en train de toucher les traductions, pourtant valeurs refuges pour les éditeurs (une traduction est généralement moins couteuse et risquée qu'une création) ?

Vu de l'intérieur, ce phénomène pourrait légèrement inquiéter, malgré le nombre de nouveautés - nombre d'autant plus impressionnant que le Monde du Jeu se tenait cette année juste au sortir des vacances d'été et qu'il n'était pas gagné pour les éditeurs de pouvoir sortir leurs ouvrages à temps : chapeau bas à eux pour avoir réussi ce tour de force ! Un peu de recul permet cependant de se rassurer. Le jeu de rôle est présent en force, quasiment à égalité avec le jeu de plateau - et aussi surprenant que cela puisse paraitre, plus que les jeux de cartes à collectionner (Uppder Deck absent...) et que les figurines (pas de Games Workshop ni de Rackham).

Ceux ci ne sont bien sûr pas totalement absent, et quelques soient vos envies, il était possible de jouer dans une excellente ambiance tout au long du week-end, même si peu de tournois étaient proposés - rien de comparable avec le gigantesque espace tournoi de la Gencon par exemple. Aucun défaut notable d'organisation n'est à noter. Les espaces étaient suffisamment vastes, le plan d'occupation bien pensé, les jeux vidéos isolés(1)... Plusieurs conférences ont aussi eu lieues, sur des sujets très variés. Celles-ci semblaient hélas avoir lieu un peu en marge du reste du salon et n'ont pas toujours attirées beaucoup de monde, surtout celles situées en fin de journée.

Terminons enfin par un mot sur la présence des jeux vidéo dans la continuité du Monde du Jeu, qui introduit un effet particulièrement intéressant. Il suffisait en effet de longer l'allée centrale d'un bout à l'autre du hall pour voir décliner les mêmes univers sur différents supports : jeux de rôle, jeux de plateau, jeux de cartes, romans, puis jeux vidéos de salons, nomades ou en ligne. Il s'agit du Seigneur des Anneaux ou encore de Conan (la fantaisie a le vent en poupe depuis quelques années), pour les plus connus, mais même certains univers très spécialisés sont déclinés, comme Polaris avec des romans. La licence globale, système utilisé au Japon depuis plusieurs décennies mais encore récent en occident, s'est définitivement imposé. Parce que son sujet est justement de développer des univers entiers, Le jeu de rôle a tous les atouts pour y avoir une place prépondérante, en amont de toutes les autres productions. Le Monde du Jeu serait constituerait alors un terrain de rencontre idéal. A minima il fut en tout cas cette année un beau révélateur des possibilités qui s’offrent à notre loisir. Peut-être que le jeu de rôle n'est pas si mort, finalement ?

(1) A moins que ce ne soit la partie jdr qui était isolée ; question de point de vue sans doute !