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Restez sur vos gardes, ne faites confiance à personne, gardez vos dés à portée de main

GenCon 2016

Par Jérôme 'Ficheur fou' Bianquis

Rubrique : Reportages
Date : 26 août 2016

Petit compte-rendu de passage à la GenCon, ou comment rendre jaloux ceux qui n'y sont pas allé.

 

Aller à Indianapolis, c'est se rendre au cœur des grandes plaines américaines, dans une cité typiquement US, avec son petit centre-ville doté de quelques gratte-ciels et une immense étendue de petites maisons côte à côte, le long de routes généralement rectilignes. A quelques heures de route au sud de Chicago, c'est l'Amérique profonde, la vraie. Déjà, à l'aéroport de New York, il est possible d'identifier ceux qui vont à la GenCon : tatouage du texte de l'Anneau unique, bagage de cabine étiqueté « Bag of Holding »...

Mais la GenCon Indy, installée là depuis 2003 après avoir dépassé les capacités de Milwaukee, sa localisation précédente, est un des grands événements annuels de la cité, qui s'est un peu spécialisée dans l'accueil de grands rassemblements. Son centre de convention fait 120 000 m2, et il est de surcroît relié par des passerelles couvertes aux grands hôtels voisins et par un souterrain au stade proche qui, à lui seul, rajoute 20 000 m2. Les uns et les autres fournissent des quantités de salles de réunion à la convention.

Impressions du premier jour : c'est IMMENSE ! Et la brochure officielle est un vrai bouquin. Cet ouvrage fait plus de 300 pages, listant en particulier une bonne partie des 1500 événements qui vont rythmer ces quatre jours. Il y a toute la journée des dizaines de conférences en parallèle dans les nombreuses salles annexes. Je constate qu'il y a une file d'attente interminable rien que pour retirer son badge d'entrée pré-payé : la prochaine fois, il faudra penser à se le faire envoyer à l'avance si possible. Évidemment, l'achat sur place est plus cher. La file est surveillée de place en place par les bénévoles en tee-shirts bleus, nombreux et polis. Ils s'occupent de vous guider vers le début de la queue de plus de cent mètres, balisée par une bénévole tenant un panneau « C'est ici que ça commence ». Et de place en place, ils interrompent la file pour laisser passer les gens aux croisements avec des corridors. C'est à la fois impressionnant d'organisation et d'efficacité et inquiétant de penser qu'il n'y a pas moyen d'éviter des files d'attentes de cette taille.

J'ai fait le premier trajet à pied, découvrant la banlieue US côté pas riche, pas catastrophique non plus. Une bonne heure au moins, en plein soleil, bien crevante. Je le paye toute l'après midi, y compris mon dos qui lâche.

J'ai croisé deux bar-mobiles chantants à pédales. Le barman conduit et sert les bières, les clients boivent et pédalent. Voila une innovation qui devrait avoir du succès en France, en terrain plat cependant. Toute la street food des environs est concentrée dans la rue, devenue piétonne, qui aboutie au centre de convention. C'est qu'il faut nourrir le geek, et les files d'attente sont longues devant chaque food truck, quelque soit sa spécialité. Le fonctionnement de la compagnie de bus locale n'est pas au top, mais il faut faire avec pour rentrer en banlieue.

Deuxième jour : mais en fait il y avait plein de coins que je n'avais pas vu hier ! Immense ne commence même pas à décrire le truc. En fait, il doit être possible de passer les quatre jours sans sortir du hall principal, le temps de tout voir et de faire plein de parties test et d'achats, mais possible aussi de passer les quatre jours sans y mettre les pieds, en assistants aux conférences et ateliers et/ou en jouant dans les innombrables parties organisées dans les nombreuses et souvent gigantesques salles de jeu.

Je procède à l'achat de divers jeux pour PM, qui, s'il vient ici un jour, louera un conteneur pour rapatrier ses achats. Ce qui doit être pour lui une bonne raison de ne pas venir, le fourbe. Encore une chance qu'à distance il se modère sur le nombre et le poids de ses achats. Nombre d'activités et d'événements sont payants, soit avec des billets réservés à l'avance soit avec des tickets génériques à deux dollars pièce, et il faut en donner autant que nécessaire pour payer l'organisateur de la séance.

Je joue une partie de God's War, version de test avec des figurines pas toujours adaptées, où je fini bon dernier en jouant les ténèbres, même si j'ai un coup de booste à la fin. Arthur puis Sandy Petersen expliquent les règles et gère le jeu. Steve Perrin et Mark Rein Hagen observent un moment. Greg Stafford n'est pas loin. Masse critique rolistique atteinte… Mais le jeu semble bon : les phases ne sont pas dans le même ordre que Cthulhu Wars, l'asymétrie est aussi poussée que CW, voire plus encore pour le chaos. Et il y a des éléments amenant plus d'interactions entre les joueurs : négociations, votes. Sandy Petersen, comparant les deux jeux, dit que Cthulhu Wars est un combat au couteau dans une impasse, alors que God's War est un duel formel, avec règles et décorum à respecter. Mais dans les deux cas il faut tuer ou être tué.

J'ai une discussion avec les gens de Black Book, sincèrement contents que le GRoG aille mieux. Ils sont venus en force et occupent une partie du stand Paizo, présentant Polaris en version anglaise tout en couleur. Ils ont même des badges des principales forces de cet univers, partant du principe que les joueurs US sont fou de « Buttons » à collectionner. J'en récupère trois.

Le lendemain, je suis au resto à midi avec Thom, ex-admin et programmeur du GRoG et démonstrateur sur le stand Black Book. Nous mangeons dans un des grands hôtels voisins, dont la carte a vu tous ses plats rebaptisés version med-fan pour la convention. Le soir je dîne dans un autre restaurant avec ma logeuse et des amis à elle venus en ville pour la GenCon.

Achat de Pleasantville, un très vieux minijeu de plateau de TSR, et pour pas cher. La GenCon est souvent l'occasion de mettre la main sur des raretés ou des exclusivités à des prix raisonnables. J'ai quelques discussion avec Jeff Richard, de Moon Design sur l'avenir de l'Appel de Cthulhu et leur collaboration avec Sans Détour, y compris graphiquement, avec les gars de Ulysse Games qui traduisent l'Oeil Noir en anglais, dont un qui étudie le français médiéval et James Raggi, auteur de Lamentation of the Flam Princess, qui est assez peu loquace.

Passage par la quiet zone, pour écrire tranquille et recharger un coup le téléphone. Il y a aussi une ultra-quiet room, avec lumières tamisées. Pourquoi je n'ai pas trouvé ça hier ?

Je trouve marrant le coup des brigades mobiles de dépannage de cosplay : une fille a une bandoulière de bobines de fils de couleurs variées. Ils ont aussi du scotch, un pistolet à colle, des marqueurs, etc. Et de grands panneaux qui dépassent de la foule, histoire que les cosplayeurs en galère les trouvent facilement.

Il y a pas mal de stands de vente de tee-shirts, parfois bien fun, de matériel de GN, de gadgets du type dragon flexible à porter en bracelet, de dés transparents avec dragons inclus dedans (mais sans numéros), etc. Et je trouve même un stand « joueurs chrétiens », avec brochure et badges gratuits à l'appui… C'est nouveau et dépaysant pour un joueur français, et finalement très américain. J'observe un très grand nombre de bénévoles, apparemment rémunérés par une entrée gratuite et quelques avantages en échange d'un jour ou deux d'encadrement.

J'ai écouté un temps Mark Rein-Hagen maîtriser son nouveau jeu de zombie. Je dois en faire la fiche GRoG, dès que j'aurai le temps ! Le jeu n'est pas banal dans sa présentation, sa mise en page et son fonctionnement, avec des cartes qui définissent votre personnage et ses capacités et sont en même temps ses points de vie.

Le stand AKA est trouvé, ils sont sur l'espace Cubicle 7. J'ai une discussion intéressante avec Neko sur les gammes en cours et à venir chez AKA (vente par souscription) et 7° cercle (vente direct en boutique). Symbaroum n'aura quasiment pas de retard, ça se fête ! Shayô arrive en Kickstarter pour la version anglaise à la rentrée. Ils ont déjà sur le stand le supplément First contact en anglais mais pas en français ! Damned, double damned. Heureusement qu'ils promettent une sortie dès la rentrée dans la langue d'Ophélie Winter. Ils vont traduire pour Night's Black Agents le Dossier Dracula, qui vient d'avoir son succès aux Ennies.

J'ai joué deux tours de Conan, et ça tourne bien. Mécanisme combinant des actions gratuites et un pool de gemmes d'actions, polyvalentes mais peu nombreuses, et qui se récupèrent dans des actions de repos, tout en étant aussi les points de vie. Les figurines et les plateaux sont sympathiques. Conan traverse les murs de bois ! Ça, c'est du pouvoir spécial de héros, la création instantanée de porte.

Je passe au stand Flying Buffalo, et je craque au niveau des achats, y compris des livrets Lost World pour la section adulte du GRoG. J'embête Ken St André avec des questions de prix pas marqués par la direction de Flying Buffalo. La densité de créateurs, y compris retraités, est impressionnante.

Je passe dans le secteur cosplay et manga, ils ont une bibliothèque de manga avec salle de lecture où je ne reconnais rien. Le True Dungeon a aussi son entrée là. Il y a des programmes de conférences sur divers aspects du cosplay, par exemple sur l'utilisation de tel ou tel matériau.

J'aperçois une immense file d'attente pour participer au défilé/concours de costumes qui serpente à travers tout le centre de convention. Je vois passer trois spaces marines féminines, un inspecteur gadget… La section crossplay, réinterprétation de personnage en changeant de genre, comprend par exemple un homme d'une quarantaine d'année faisant une Misti des Pokemons surprenante. Et quelqu'un a fait le pendant masculin des ridicules bikinis cote de maille.

Temps de calme dans l'espace approprié, où les places assises sont chères.

Dernier jour plus rapide, car déjà mon avion approche. Néanmoins, je vois encore bien du monde, avant même l'ouverture des portes, attendant plus ou moins calmement l'heure fatidique.

Le bilan officiel est de 200 000 entrées sur quatre jours, concernant plus de 60 000 personnes différentes et un apport de plus de 70 millions de $ pour la ville. Certains bruits de couloirs suggèrent qu'à l'horizon 2020 la saturation des capacités hôtelières du centre-ville pourrait conduire à un transfert par exemple vers Chicago. Qui vivra verra.

Bref, la GenCon quand on vient d'Europe, c'est un budget. Mais ça en vaut sacrément la peine. C'est une expérience à vivre et à revivre que les « Four best days in gaming » !

Mais cette édition se termine un peu difficilement pour nombre de participants partant le lendemain, pour cause de panne informatique massive chez Delta, la principale compagnie aérienne desservant la ville, avec détours et retards pour les victimes.

Plus de photos sur la page facebook du GRoG.