Gamine, je ne savais pas encore que j'appartenais à toute une génération de changeur de peau ! Mes chimères m'ont toujours donné envie de raconter, narrer et décrire que ce soit au fil de la plume ou du pinceau et plus tard, de la caméra.
Ma première expérience rolistique va sûrement vous rappeler quelque chose : c'est le souvenir d'une après-midi de septembre 1989 (eh oui, comme le temps passe...) où j'ai mis la main sur La Cité des Voleurs (livre dont vous êtes le héros de la série des Défis fantastiques). Comme je détestais lire, mes parents ont cru à un miracle, la lumière divine a frappé leur visage. Quand ils ont vu la couverture du livre, ils n'ont pas osé me dire : "Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur ?" Au passage, un grand merci à Iain MacCaig pour les illustrations de ce livre et celles du Labyrinthe de la Mort : sa manticore m'a hantée pendant un bon bout de temps...
Je n'ai pas mis deux ans avant de découvrir Tolkien et de vivre ma première aventure dans les contreforts des Monts Brumeux.Mon petit coeur s'est mis à palpiter pour un Melnibonéen à la peau laiteuse alors que je parcourais l'oeuvre de Morcook et j'ai dévoré la saga de Marion Zimmer Bradley, La Romance de Ténébreuse (monde à partir duquel j'ai d'ailleurs créé des règles pour le faire jouer).
Lovecraft m'a aidé à surmonter certaines angoisses dont une peur naturelle des eaux profondes sur un fond de Metallica (si, si) et Anne Rice a remplacé, dans mon coeur, Elric par un mélange de Lestat et de Louis. Un comportement sûrement purement féminin, je le concède.
Bref, entre une campagne de JRTM et un petit scénario d'Hawkmoon ou de Stormbringer, il y avait toujours une heure de cours à sécher pour s'offrir une rencontre avec Nyarlathotep au club JDR de la salle 310 du Lycée.
Voilà pour la petite histoire, vous la connaissez tous, c'est celle de la plupart des rôlistes (à AD&D près).
Vampire, la Mascarade a certainement été pour moi un tournant, aussi bien dans la façon d'incarner un rôle que de narrer une histoire. Le jeu de rôle a alors pris une dimension plus réaliste et dramatique et une intensité que je ne lui avais pas connu jusqu' alors. C'est d'ailleurs par ce biais que j'ai rencontré la sphère du GN avec l'association "La Camarilla".
Bien que très déçue par le jeu en continu, j'ai renoué depuis quelques années avec le jeu grandeur nature, et je prends actuellement un énorme plaisir à rédiger les fiches de personnages des GN de l'association des Voyageurs du Bord des Mondes (les Contes des 12 Pics), une équipe formidable.
Mais je dois avouer que rien de tout cela ne suscite chez moi une passion suffisante pour renverser des montagnes. Croyez moi, si vous voulez... C'est quand même dans les bras d'un ange, de préférence déchu qu'on est le plus au chaud. Blake et Milton soient loués !
Mon dernier et unique amour pour un jeu a déjà six ans d'âge, un bel enfant capricieux. Et il se nomme Kult. Je pense que jamais je ne me déferai de cet univers qui reste une source d'inspiration intense et inépuisable car il plonge au fond de ce qui m'intéresse le plus : l'Homme. (Notez le H majuscule, messieurs, s'il vous plaît, pas de fausses idées...). Il n'y a pas de demi-mesure dans l'univers original de Kult où l'horreur côtoie le sublime. A mon sens le génie de ce jeu repose d'ailleurs sur sa force de contraste. Cependant, un constraste loin d'être manichéen, un monde où finalement, personne ne peut être totalement détesté, et jamais complètement aimé. Un univers très proche de ce que nous vivons au quotidien...
Actuellement (janvier 2004) et depuis déjà plusieurs années, je nourris le projet de mener Kult jusqu'au grand écran. Cronenberg avait caressé l'idée avec Cabale qui correspond à une vision très réussie du Labyrinthe. Mais voir la terrible citadelle ou les dix palais s'afficher sur l'écran blanc... Ce serait vraiment quelque chose !
Dans la foulée de cette passion, j'ai réalisé plusieurs courts métrages (Elysée, Metropolis, Les Limbes, Le passé et La folie), alors que je suivais les cours de cinéma de l'école des Beaux Arts d'Orléans. C'est à cette occasion que j'ai compris que je voulais donner au projet plus d'ampleur.
Les aléas de la vie - notamment, payer les factures (argh !) - m'ont finalement poussée dans le monde du travail : je suis Graphiste Illustratrice dans une agence de publicité.
Un temps d'adaptation, puis j'ai finalement réalisé l'illustration de l'écran Kult édité en 2002 par le 7e cercle.
Aujourd'hui (janvier 2004), mon nouveau projet voit le jour et je peux déjà vous donner rendez-vous pour la sortie d'un roman d'ici moins d'un an et pour une exposition de l'ensemble des illustrations et des toiles que j'ai réalisées depuis 6 ans. Bien entendu, il ne s'agit que d'une inspiration de l'univers de Kult mais une inspiration passionnée.
Ceci dit, je ne suis pas totalement monomaniaque. J'ai réalisé, il y a peu, quelques illustrations pour le GN Eve Oniris et je joue régulièrement à Polaris et à Cops et toujours au bout de 13 ans, à l'Appel de Cthulhu, l'intarissable. Nous aurons probablement des cheveux blancs quand nous finirons l'une ou l'autre de nos campagnes car plus mon groupe de joueurs vieillit plus nous avons tendance à jouer en temps réel... Un vrai problème mais un vrai plaisir aussi.
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Laurence est décédée fin août 2004.
Elle repose près d'Orléans.
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009.