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Viril, mais correct

En avant vers 2009 : Interview croisée d'auteurs

Par Loris Gianadda

Rubrique : Interviews
Date : 13 mai 2009

Dans la lignée de l'interview précédente, trois auteurs ont bien voulu se prêter au jeu. Tels des kwisatz haderach du jeu de rôle, ils vont nous faire partager leur prescience : que penser de 2008 et à quoi s'attendre pour 2009 ?

Antoine Boegli (de chez 2DSF), Romain d'Huissier et Anthony Combrexelle (auteur de Patient 13 et Notre Tombeau) ont donc répondu à nos questions...

GRoG : L'année 2008 vient de s'écouler, d'une manière générale, qu'est-ce qui vous a marqué sur cette année ?

Romain d'Huissier : Pas grand-chose de notable. Le monde du jeu de rôle est resté relativement égal à lui-même, sans changements majeurs. J'observe néanmoins le retour en force des magazines concernant notre loisir, avec une belle régularité. Jeu de Rôle Magazine déjà, généraliste et qui se cherche encore un peu, et aussi Dragon rouge, très ciblé mais justement totalement en phase avec son public. Je ne sais pas trop si tout cela va durer, mais pour le moment c'est encourageant. Sur le plan plus général, la crise financière est un évènement qu'il est difficile d'ignorer. Elle est porteuse de peurs justifiées, mais pourquoi pas aussi d'un espoir que les choses puissent enfin changer.

Anthony Combrexelle (Yno) : La libération d'Ingrid Betancourt, le véritable essor de Facebook en France, la fin de The Shield et l'élection de Barack Obama.

Antoine Boegli (Edomaur) : La mise en service du métro de Lausanne et l'évolution politique globale. Le décès de Erick Wujcik, en juin, m'a vraiment attristé. Ambre DRP a été une claque monumentale, et même si tous ses travaux n'étaient pas forcément à la hauteur, je respectais énormément le bonhomme.

G : Quels sont, parmi les jeux, sortis en 2008 ceux que vous retenez, qu'ils soient vôtres ou non ?

Romain : Khaos 1795 m'a beaucoup plu, par son format direct, sa grande immédiateté. J'en ai aussi apprécié la présentation, deux livrets plus l'écran en un pack. Et un thème peu utilisé et fort bien tourné. Il y a également Hellywood, que je n'ai pas encore lu hélas mais qui possède une réputation plus qu'élogieuse, prouvant que le public rôliste est capable de sortir des sentiers battus pour se diriger vers des univers très personnels, presque d'auteur.

Couverture K1795

Yno : S'il y a un jeu à retenir, ce serait Khaos 1795. Le format compact - analogue aux productions John Doe - est facile à transporter, solide, visuellement très chouette et son côté "bundle" fait de deux petits livres et d'un écran est vraiment enthousiasmant. L'ensemble donne vraiment envie d'être compulsé et quand on le lit, tout y est pour jouer extrêmement rapidement.

G : Que penser de l'année 2008 pour le jdr français ?

Romain : Le jeu de rôle français continue à faire la preuve de sa créativité et de sa vigueur relative, dans un environnement assez morose, même à l'étranger d'après ce que j'en sais. Des univers variés et originaux sont défrichés, des jeux sortent régulièrement et ont un suivi, divers formats sont testés et artistiquement ce sont presque toujours des réussites, des livres qu'on a envie d'exposer sur ses étagères. Je suis plutôt fier du paysage ludique français à ce niveau.

Yno : Mon impression -et ce n'est sûrement qu'une impression- est que 2008 fut une année très Cthulhu. Qu'on aime ou pas les univers à tentacules et les différents jeux sortis récemment, le Poulpe était partout (Trail of Cthulhu, L'Appel de Cthulhu, CthulhuTech).

Edomaur : Sans aller jusqu'à dire que c'est un nouveau départ, 2008 a montré que le jdr français est loin d'être mort. Les acteurs actuels sont créatifs et produisent les jeux dont ils ont envie, ce qui convient à la clientèle qui achète les jeux qui embaument la passion ou la tradition, du moment qu'ils ont un chouette plumage. Bien entendu, ça reste un marché de niche, qui suit une évolution difficile à chiffrer en l'absence de données publiées par les éditeurs.

G : Et pour le jdr étranger ?

Romain : J'avoue ne pas me tenir au courant du tout de l'actualité étrangère. Il faut croire que la production française me suffit largement pour le moment.

Yno : Je ne suis pas avec une grande attention l'actualité rôlistique étrangère, même si je m'y intéresse, mais rien ne m'a marqué. Ca m'a même paru assez étonnamment morne.

Edomaur : J'avoue ne pas avoir vraiment suivi l'évolution. Je ne m'intéresse ni à D&D, ni à Warhammer, ce qui fait que j'ai raté l'essentiel de l'actualité pour ces deux systèmes. Il y a beaucoup de projets qui semblent en cours de développement, mais je suis resté froid devant la majorité des publications anglo-saxonnes de 2008.

Couverture DD4

G : Vous semblez tous les trois très froids sur la production anglo-saxonne de l'an dernier... Qu'est-ce qui vous amène à cette impression de morosité ?

Romain : Oh pour ma part, c'est surtout que je ne suis pas du tout au courant de l'actualité des JdR étrangers. Ce qui sort en création française me suffit largement vu mon rythme de jeu et sinon, les traductions sont là pour découvrir. Même si je sais lire la VO, je préfère quand même ma propre langue pour le confort de lecture.

Edomaur : Dans mon cas, c'est l'absence d'intérêt pour les publications de l'année passée. Si c'est du d20, ça n'est pas pour moi. Honnêtement, c'était beaucoup plus amusant de travailler sur l'Atlas de Bejofa que d'essayer de trouver un jeu à collectionner de plus (mais je suis déjà en train de me rattraper...)

G : Et à quoi avez-vous joué cette année ?

Romain : Je masterise régulièrement la campagne de Qin et joue au Livre des Cinq Anneaux. On ne renonce pas si facilement à ses premières amours !

Yno : Malheureusement cette année le temps n'a pas été particulièrement élastique et mis à part à mes propres productions, je n'ai joué à rien.

Couverture NP

Edomaur : Pas à grand chose, dans le fond. Nightprowler et Cyberpunk 2020, et quelques parties de test sur nos projets futurs. Et un grandeur-nature en août, se déroulant dans l'univers d'un de mes projets...

G : L'année 2008 a vu la renaissance de la presse magazine jdr en France, qu'en pensez-vous ?

Yno : Que ça ne peut être qu'une bonne chose, donnant de la visibilité à ce loisir qui en a peu, sans uniquement le cloisonner à internet. Par contre, attendons la fin 2009 pour voir si ce "réveil" est pérenne et n'est pas simplement un sursaut.

Romain : comme je l'ai dit au début, je trouve cela positif, un bon signe pour la santé du loisir. Non qu'il se porte forcément mieux qu'avant, mais peut-être est-il désormais assez stable pour se permettre d'avoir une presse vivante et régulière.

Edomaur : Dans la mesure où rien n'arrive dans les kiosques suisses, rien du tout. J'ai eu entre les mains plusieurs exemplaire de JDR Mag', que je trouve prometteur, mais c'est tout. Ceci dit, c'est une bonne chose, même s'il reste à trouver une formule qui rende la presse écrite complémentaire de ce qu'on peut trouver sur internet.

G : Tiens, puisque j'ai lancé le sujet, qu'est-ce que vous attendez d'un magazine de jdr ?

Romain : Un contenu classique.
Mais en premier lieu, des critiques complètes et détaillées. Pas juste un avis en une page, mais vraiment un décorticage du jeu / supplément. J'attend qu'on m'explique l'univers, qu'on me donne les bases du système, qu'on me fasse un petit rapport de partie. J'attend même si possible un avis contradictoire par exemple. Avec un ton professionnel, une écriture qui se passe de fausse originalité (genre écrire une critique en singeant le style d'un protagoniste du jeu : n'importe quoi), etc. Ensuite, du matériel à jouer (aides de jeu, scénarios) qui colle à l'actu. C'est à dire que j'attend des textes pour des jeux édités et joués, pas pour les vieux coups de coeur du rédacteur en chef, introuvables et que personne ne connait...

Edomaur : du contenu original, et qu'il n'essaie pas de concurrencer le web mais d'y apporter un complément. Et puis ce serait intéressant que ce magazine soit distribué en kiosques en Suisse Romande. Je me répète, mais c'est le retour à la situation qui était celle de Casus Belli première époque quand j'ai commencé de m'intéresser au jdr.

G : Que penser de l'évolution du jeu de rôles et de l'année 2008, au final ?

Edomaur : Mais rien, je me tue à te le répéter !

Romain : L'évolution entamée depuis quelques années semble se confirmer. Les éditeurs-phares restent les mêmes maintenant qu'un gros acteur s'est retiré, avec quelques petits nouveaux vivaces qui se font leur place. C'est intéressant. J'ai eu l'impression que 2008 représentait une sorte d'année-charnière, un petit tournant. A voir si cela se confirme en 2009.

Yno : J'ai l'impression que l'offre se diversifie de plus en plus. Il existe des jeux dans tout les formats, de toutes les tailles et plus ou moins gros. On voit de plus en plus de jeux aux gammes fermées très courtes, voire se suffisant à eux-mêmes, contenant tous ce qu'il faut pour jouer sur un nombre de pages moins conséquent qu'auparavant. Cette variété est vraiment appréciable.

G : Comment envisagez-vous 2009 ?

Romain : Difficile à dire. Dans la continuité, je dirai. Certains éditeurs installés vont continuer sur leur lancée, ce que les plannings de sortie semblent confirmer, et les petits vont se faire une place (ou du moins tenter). La création de l'Atelier du Jeu de Rôle et sa collection d'ouvrages érudits sur la pratique de notre loisir me rend assez fier et impatient de voir l'accueil du public. Je pense réellement qu'il y a une place pour la réflexion sur le jeu de rôle en tant que médium et loisir, sans sombrer dans la pédanterie intellectualisante, mais en donnant une vision multiple et profitable à tous.

Edomaur : Tranquillement... On ne va pas se prendre la tête plus que d'habitude, ça c'est certain.

G : Quels sont vos projets d'écriture pour cette année ?

Romain : Je travaille actuellement sur Devâstra avec Laurent Devernay, à sortir en juin au 7ème Cercle. Puis je pense que Qin va encore connaître un ou deux supplément, histoire de finir en pleine gloire : il est évident que je ne peux pas envisager de ne pas en être ! Enfin, la fin d'année sera fort intéressante, à n'en pas douter... J'espère aussi collaborer régulièrement à l'Atelier du Jeu de Rôle.

Yno : Je pense que, comme la plupart de mes camarades auteurs, les projets d'écriture ne sont pas ce qui manquent; mais au final ce qui fait la différence, c'est l'opportunité de publier, le temps pour s'y atteler et l'envie de porter le projet à son terme. J'ai quelques idées en tête, mais je ne tire pas des plans sur la comète.

Edomaur : Il y a déjà des chantiers pour Nightprowler et Tigres Volants, une équipe de volontaires sur Nobilis. Et il y a le projet cyberpunkisant top-secret obligatoire.

G : Quels sont les produits annoncés qui titillent votre attention ?

Romain : Ah ! Copinage inside évidemment, mais Notre Tombeau, WarsaW et Tenga retiennent toute mon attention (thème + format). Ensuite, ce sera plus au cas par cas, mais d'emblée et sans réfléchir, ce sont ces trois jeux qui me viennent à l'esprit.

Couverture NT

Yno : Chez Catalyst Game Labs, Eclipse Phase qui, avec les quelques infos et visuels entraperçus, titille l'imaginaire; de même que le remake de Bloodlust par John Doe dont les notes d'intentions et les visuels de Swal excitent méchamment les hormones !

Edomaur : Euh... Joker. Je verrai bien quand ils seront sortis. Je me suis fait avoir quelques fois avec des jeux que j'attendais qui se sont révélés être des bouses de choix. Maintenant, je préfère me laisser surprendre.

G : Bon, et dans l'autre sens : vous aimeriez voir quoi sortir, en fait ?

Romain : Dur à dire. Je n'attend pas grand chose en général, je me contente de voir venir et de fantasmer sur ce qui me titille dans les projets des éditeurs. Après j'ai sans doute quelques fantasmes rôlistiques mais rien qui me vienne spontanément...

Edomaur : Joker... Ou alors non, je vais parler : j'aimerais un jeu de science fiction moderne, avec un univers motivant, un système de jeu équilibré, versatile et pas trop compliqué, et un tas d'images en couleurs pour l'illustrer. Il faut que l'univers soit cohérent, et pendant qu'on y est ce serait aussi bienvenu d'éviter l'Empire Galactique, les Légions de l'Inquisition et tout ce fatras futuro-gothique.

G : Comment voyez-vous l'avenir du jdr ?

Romain : Je ne suis pas pessimiste. Cela restera un loisir confidentiel mais il vivra et évoluera. Je pense que l'on va s'orienter de plus en plus vers des jeux au format John Doe ou Khaos 1795. Il y aura certes toujours une place pour les grosses machines 256 pages couverture cartonnée, mais les éditeurs capables d'en supporter le coût de production se font rares. Des jeux plus ciblés, s'adressant à une cible réduite mais stable : voilà comment je vois l'avenir du jeu de rôle.

Yno : Plein de vieux qui achètent des jeux pour les lire et les collectionner en fantasmant sur ce que pourraient être leurs parties et ce sans jamais concrétiser. Je m'inclue dans cette description, sauf que je ne collectionne pas et que j'achète peu. Pas très glorieux tout ça, avouons-le.

Edomaur : Grâce au succès des jeux en ligne, on verra des joueurs se tourner vers le jdr traditionnel, probablement pour la liberté qu'il offre aux scénaristes en herbes et aux joueurs lassés de casser du streumon. Sur un autre plan, je trouve intéressant de voir qu'il se développe des textes concernant la théorie du jeu de rôle. Comment ça marche, comment utiliser ces connaissances et les appliquer à d'autres fictions interactives comme les jeux en lignes et autres mondes parallèles. Ce sont des questions qui intéressent. Curieusement, les textes américains qui touchent le jdr viennent de l'autre coté du spectre interactif, ce sont des scénaristes de jeux en lignes qui vont chercher le jdr dans son ghetto plutôt que le jdr qui cherche à s'expliquer. Il commence à y avoir une littérature de qualité.

G : Du type de Play Unsafe, Play Dirty, la théorie GNS, ce genre de choses ?

Edomaur : Ce genre, mais pas seulement. Pour ce que j'en sais, il y a une tendance en Scandinavie à développer la théorie d'un point de vue philosophique, linguistique et sociologique. Ca n'apporte rien au jeu en tant que tel, mais ça peut amener des évolutions sur la manière de l'appréhender. J'aimerais vraiment voir des ouvrages de référence.

G : Quelles nouvelles technologies pourraient influencer le jeu de rôles ?

Romain : C'est un médium qui a peu évolué en 30 ans à ce niveau là. L'objet-livre restera le centre de gravité mais internet est un complément qui devient indispensable. Le suivi en ligne, les FAQ ou forums d'éditeurs, le travail des fans : ce sont des éléments devenus indispensables à la vie d'un jeu. D'ailleurs, de nombreuses gammes dites "mortes" vivent toujours sur le net.

Edomaur : On peut faire de la futurologie tant qu'on veut, il est difficile d'une part d'imaginer ce que demain nous réserve, et d'autre part comment est-ce que ça pourrait être utilisé dans le cadre du jeu de rôle. Sur Internet, les outils de collaboration comme Google Doc ou Dropbox ont déjà énormément changé la manière de gérer la collaboration entre les différents contributeurs d'un projet, on peut donc supposer que ça va continuer dans ce sens-là, avec peut-être des échanges d'idées avec d'autres communautés. Concernant le support "jeu de rôle", l'arrivée de lecteurs de e-book comme le Kindle d'Amazon ou ses concurrents pourrait peut-être changer la donne en matière de PDF. Mais plus probablement, ce qui changera le monde du jeu de rôle, ce sont les évolutions techniques en cours dans le monde de l'imprimerie : tirages à la demande, qualité grandissante, procédés d'impression en révolution (apparté : notre imprimeur a collaboré avec Man-Roland au développement d'un centre d'impression offset qui a ouvert le marché des petits tirages aux procédés d'impressions dit traditionnels). Concernant la présentation, il y a une évolution naturelle qui s'est faite depuis les débuts du genre. Les livres sont de vrais ouvrages de collection, riches en illustration et en idées de toutes sortes, et leur réalisation s'est aussi améliorée grâce à la relative démocratisation des procédés de fabrication.

G : Qu'est-ce qui va changer, en 2009 pour l'écriture de jdr ? En termes de méthode, de présentation, etc. Par rapport au passé, y a-t-il de nouvelles voies à explorer, de nouvelles façon d'aborder un nouveau jeu ?

Romain : Je suis quelqu'un d'un classicisme rébarbatif. Je travaille toujours de la même manière, moi face à mon écran et mes idées, me nourrissant et rebondissant de celles de mes collaborateurs et des illustrateurs. Comme je l'ai dit, si on s'oriente vers des jeux plus ciblés, il y aura sans doute une marge de liberté plus grande, la liberté d'explorer des univers décalés, inhabituels.

Yno : Je ne suis pas devin, je ne vais donc pas prétendre savoir de quoi est fait le futur. De manière générale, rien ne devrait fondamentalement changer mais il me semble qu'il y a quelque chose à faire, à développer dans le domaine des jeux de rôle courts et "tout-en-un". Du fait de leur concision, ce genre de format doit permettre des concepts un peu plus originaux, un peu plus typés et s'inspirant d'autres médias. Un jeu de rôle court, à l'inverse d'un gros jeu classique à gamme ouverte, doit mettre le focus sur un élément de contexte, avoir un angle d'approche original. C'est en ça qu'il peut se rapprocher d'une série TV et d'un film et proposer quelque chose de différent à un public différent.

Edomaur : Il y a toujours des choses à changer, mais ce serait présomptueux de ma part d'annoncer de but en blanc que ceci ou cela va changer. Les jeux sont généralement mieux pensés, et une réflexion de fond se répand petit à petit, mais j'ai vu jusqu'ici des préceptes érigés en dogmes, des aides à la création transformés en lois immuables, et un certain fanatisme de tranchées dans les débats sur la technique du jeu de rôle. Est-ce qu'on a de nouvelles voies à explorer ? Peut-être, mais qu'est-ce qu'on entend par "nouvelles voies" ? De plus grandes synergies avec d'autres médias ? Ca a déjà été tenté, et si ça n'a pas toujours été couronné de succès, il y a certainement de très grandes choses à faire. De nouveaux sujets et thèmes ? Probablement pas. On voit que les jeux trop originaux peinent à trouver leur public, et que les locomotives du marché sont les mêmes depuis vingt ans au moins. Ce qui pourrait être fait, c'est un effort sur l'accessibilité des jeux de rôle. Un travers fréquent est de partir du principe que le lecteur sait déjà de quoi on parle, ou de se reposer sur des définitions datant du début des années 80. Aujourd'hui, avec l'avènement des MMO, le jeu de rôle à la chance de pouvoir puiser dans des exemples plus connus du public pour expliquer son fonctionnement, et ça pourrait ouvrir le champ à de nouvelles approches.

G : Quelles sont vos influences ? Qu'est-ce que vous écoutez comme musique quand vous écrivez ?

Romain : Je suis très influencé par l'audiovisuel (au sens large : cinéma, séries TV, dessins-animés), et je tente de capturer cette essence dans mon écriture. Je pense que c'est assez flagrant sur Qin, dont les sources sont explicites. On verra si Devâstra réitère cela. J'écoute donc des BO lorsque j'écris, en essayant d'être dans le bon thème.

Couverture Qin

Yno : Les mangas, les comics, les séries TV, les films. Tous ces univers, ces histoires, ces personnages m'influencent. Parmis la masse, il y a toujours des concepts originaux, des idées qui font "Tilt" et qui éveillent l'imaginaire. Pour la musique c'est à peu près pareil, des sons, des ambiances, des paroles peuvent m'inspirer une scène, un protagoniste, une histoire. La musique m'est très utile pour brainstormer, pour laisser mon esprit vagabonder, pour aller à la pêche aux idées. Par contre dès qu'il s'agit de rédiger proprement, noir sur blanc, je le fais dans le silence pour ne pas être déconcentré sur ce que je cherche à décrire ou à expliquer.

Edomaur : Difficile de citer des influences... Ou alors directement Wikipedia : je lis énormément, sf, fantasy, policiers, histoire, géo, politique, techologies, etc., et suis un bédéphile enragé. Du coup, dès que je me pose une question, je commence par regarder dans Wikipedia ce qui y est dit. Et de fil en aiguille, je découvre d'autres choses, d'autres sites de référence, et souvent ça se traduit par l'achat d'un livre de référence ou un autre. Musicalement, je fonctionne très bien avec des ambiances nocturnes, et avec des playlists de 3h et plus (autrement j'oublie de remettre la musique quand elle s'arrète...) Je suis toujours un fan de l'électro ambient-minimaliste de Plastikman et du dub indus décérébré de Scorn, mais à ça s'ajoute Bohren & Der Club of Gore, Sonic Youth, Erik Satie, Jacinto Scelsi, Murcof, Lhassa, Sophie Hunger, Sum of R, etc.

G : Quel est votre "truc" pour vaincre la page blanche ?

Romain : C'est un syndrôme que je ne connais pas. C'est plutôt l'inverse, il faut que je trouve un "truc" pour me réfréner, être plus concis, synthétiser mes idées au lieu de m'étaler sur 500 pages !

Yno : Si on est en manque d'idées, si l'on cherche de quoi se nourrir la tête, comme je le disais plus haut, les bd, les mangas, les comics, les romans, les séries, les films sont toujours de bonnes sources d'inspirations. Un concept de personnage entraperçu au détour d'une oeuvre, une ambiance, une scène, n'importe quel élément peut permettre de relancer la machine une fois digéré et réapproprié. Par contre une fois les idées et les notes en tête, la seule manière de se motiver à écrire, c'est de se forcer : hierarchiser les informations, découper le scénario en partie, détailler pour chacune ce que l'on souhaite dire, présenter et expliquer, et ensuite rédiger en partant de ce "squelette".

Edomaur : Je fais des listes. Avant de commencer à rédiger, j'essaie de me concentrer sur les points que je vais aborder, et donc, j'en fais des listes. Une fois que j'ai couché sur le papier les éléments à traiter, la suite coule plus ou  moins de source. Si c'est une histoire, je fais un vague canevas de ce que je voudrais raconter, et je commence d'écrire le premier sujet qui m'inspire, n'importe-où dedans, au début ou ailleurs dans le texte. J'ai une vision "spatiale" de mes textes, et ça ne me dérange pas du tout de les écrire dans le désordre.

G : A quels jeux allez-vous jouer ?

Romain : Je vais continuer les campagnes Qin et L5A, et j'espère caser du Devâstra, en test puis en campagne. Il parait que je pourrai jouer une petite partie de WarsaW en mars... Ensuite, qui sait quels coups de coeur peuvent me donner envie... Je ne désespère pas non plus de pouvoir jouer du Humanydyne.

Edomaur : L'Appel de Cthulhu et Nightprowler, c'est certain, et probablement quelques autres si on trouve le temps. Mais ce n'est pas gagné...

Yno : Grande inconnue. Mis à part ce que je teste et écrit a priori pas beaucoup plus de choses qu'en 2008.

G : Le mot de la fin ?

Romain : J'aimerai juste encourager et remercier les acteurs de ce milieu, et continuer à faire du bon travail à leurs côtés tant que la passion sera là. Et toi public : joue et prends-y du plaisir ! On écrit avant tout pour ça !

Edomaur : J'ai demandé à mes collègues de 2d Sans Faces, et on s'est mis d'accord pour "ciboulette".

Yno : The End ?

G : merci !